L'Église catholique a franchi une étape majeure vendredi en demandant officiellement à la justice d'ouvrir une enquêtesur l'abbé Pierre, figure emblématique de la lutte contre la pauvreté, à la suite de nouvelles accusations de violences sexuelles révélées cette semaine.
Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), a confirmé avoir adressé un signalement au procureur de Paris, demandant une enquête sur des faits présumés de viols et agressions sexuelles sur mineurs et personnes vulnérables, ainsi que sur d'éventuelles complicités.
Ces révélations viennent s’ajouter aux travaux d’une commission d’enquête mandatée par Emmaüs, qui a déjà recueilli 33 témoignages, dont 9 récemment publiés. Parmi eux, des récits décrivent des abus graves, incluant des actes sexuels sur un garçon mineur et des contacts inappropriés sur une proche à la fin des années 90.
"Un portrait de prédateur"
Tarek Daher, délégué général d’Emmaüs France, a qualifié l’accumulation des témoignages de "portrait d’un prédateur". Mgr de Moulins-Beaufort, horrifié par ces découvertes, a insisté sur la nécessité de "faire toute la lumière"sur ces faits.
Bien que des poursuites pénales contre l’abbé Pierre soient impossibles en raison de son décès en 2007, l’enquête pourrait éclairer d’autres aspects, notamment le silence de l’institution. L’ouverture des archives de l’Église en septembre a permis de consulter des documents évoquant un "comportement problématique", sans toutefois en préciser la nature.
Appel aux victimes
Mgr de Moulins-Beaufort a exprimé sa "peine immense" pour les victimes et les a encouragées à se manifester via les dispositifs d’écoute de l’Église ou d’Emmaüs.
Ces nouvelles révélations soulèvent des questions cruciales sur le rôle de l’institution et le silence entourant les comportements de l’abbé Pierre. Une affaire qui met une nouvelle fois l’Église face à ses responsabilités dans la lutte contre les abus.
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