« J’ai tout perdu, mais je recommencerais »

Dix ans après les attentats qui ont endeuillé Paris, une femme brise le silence. Connue sous le nom de Sonia, cette mère de famille a joué un rôle décisif dans l’arrestation de l’un des derniers terroristes encore en fuite après la nuit du 13-Novembre.
Un geste qui a changé le cours de l’enquête… mais aussi détruit sa propre vie.

La rencontre qui fait basculer un destin

Sonia hébergeait depuis plusieurs années la cousine d’Abdelhamid Abaaoud, l’un des cerveaux des attaques. Un soir, elle se retrouve face au terroriste lui-même. L’homme exprime clairement son intention de poursuivre son carnage.
Pour Sonia, une évidence s’impose :
« Il faut l’empêcher de terminer ce qu’il a commencé. »

Elle contacte immédiatement la police et révèle tout ce qu’elle sait. Grâce à ses informations, les enquêteurs localisent la planque des terroristes.
Le 18 novembre 2015, les forces spéciales lancent l’assaut à Saint-Denis.
Abaaoud est abattu, Chakib Akrouh se fait exploser.
La cavale meurtrière prend fin.

Sonia refuse le terme d’héroïne :
« Je suis juste une citoyenne, une femme avec des valeurs. »

Une nouvelle vie… qui n’est plus la sienne

Son acte courageux a cependant un prix colossal.
Dès le lendemain de l’assaut, Sonia et toute sa famille sont placées sous protection : nouvelle identité, nouveau domicile, nouvelle existence.
Installée dans le programme de témoins protégés, elle raconte la brutalité de ce déracinement :

• « J’ai été arrachée à ma vie. »

• « Tout ce que j’étais, mes souvenirs, mes projets… tout a disparu. »

• « Je mens à chaque fois que je dis mon nom. »

Elle n’a plus aucune trace concrète de son passé :
pas de photos, pas d’anciens documents, pas même la certitude de ce qu’il est advenu de son identité d’origine.

« C’est une vie de mensonge, une vie qui pèse sur mes enfants aussi », confie-t-elle.

Le poids du sacrifice… et la fierté d’avoir sauvé des vies

Dix ans plus tard, malgré la solitude et les renoncements, Sonia assume son choix :
« Le fardeau est lourd, mais c’est pour la bonne cause. »

Elle parle d’un « héritage du 13-Novembre » qu’elle porte avec dignité, même si la vie qu’on lui a imposée n’a rien de simple.

Et quand on lui demande si elle referait la même chose, sa réponse est immédiate :
« Oui. Sans hésiter. »

Car malgré les conséquences, Sonia dit trouver une forme de paix :
« Quand j’ouvre ma fenêtre et que je vois les gens rire, vivre, être heureux… je me dis que j’ai bien fait. C’est ça, mon petit bonheur. »

Un choix qui lui a coûté son ancienne vie, mais qui en a probablement sauvé des dizaines d’autres.